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JEAN MARTIN (1911–1996). De l’atelier à la scène

 

25 JUIN > 9 OCTOBRE 2016

 

Fils d’ouvriers, le Lyonnais Jean Martin (1911-1996) développe en autodidacte une pratique assidue du dessin et de la peinture, jusqu’à sa rencontre déterminante, dans les années 1920, avec le peintre Lucien Féchant et le sculpteur Georges Salendre.

Présent pour la première fois au Salon d’Automne en 1933, au Salon du Sud-Est à partir de 1934, puis au Salon des indépendants à Paris à partir de 1935, il expose en 1938 à la galerie Billiet-Vorms à Paris, aux côtés de Georges Rohner ou de Jean Lasne, avec le groupe Nouvelle Génération, ultime manifestation des « Forces Nouvelles », créées autour du critique d’art Henri Héraut en 1935. Durant l’Occupation, Jean Martin expose régulièrement à la galerie Folklore de son ami Marcel Michaud à Lyon ainsi qu’à la galerie Jouvène à Marseille, puis, de 1945 à 1947, à la galerie de Katia Granoff à Paris. Il participe en outre, en 1940, avec Marc Barbezat, à la naissance de la revue d’avant-garde L’Arbalète, dont il dessine la première de couverture.

En 1946, il s’installe à Paris et travaille pour le théâtre et la télévision. Au début des années cinquante, il s’oriente définitivement vers la tradition médiévale, travaille à la tempera et crée des images empreintes d’idéal roman et byzantin, proches d’une inspiration surréaliste ou symboliste. Il ouvre rue Saint-Sulpice, la galerie A.T.C. (Art et Tradition Chrétienne), où il promeut peintres, sculpteurs, potiers, dinandiers et tisserands et joue un rôle important dans le renouveau de l’art sacré en France à l’heure de la Reconstruction.

Avec cette exposition organisée à l’initiative de l’association « Mémoire du peintre Jean Martin », les donations consenties à La Piscine par la famille en 2011 et 2013 seront mises en exergue et replacées au sein du parcours artistique d’un peintre original, attaché à la question de l’objet et du décor.

En 2011, furent données trois grandes toiles emblématiques du style réaliste et expressionniste de Martin durant l’entre-deux-guerres, marqué par le XVIe siècle allemand, mais aussi par l’expressionisme contemporain belge. Dans les œuvres de cette période, traversées par une évidente inquiétude et une grande sensibilité aux difficultés et aux drames de la vie, les silhouettes des personnages, très étirées, et souvent comme dégingandées ou démantibulées à la manière de mannequins, évoquent pour Katia Granoff certaines figures du Greco ou de Picasso. Parmi elles, L’Exilé qui, dans une composition dont l’ambition politique touche à l’évidence au sacré, représente un jeune déserteur allemand persécuté par le régime nazi et recueilli à Lyon par Martin.

Deux ans plus tard c’est un ensemble significatif de dessins préparatoires, maquettes, photographies et documents qui a intégré les collections roubaisiennes et permet d’évoquer la contribution du peintre dans le domaine du décor et du costume. Auteur de 1947 à 1954 de nombreux décors, masques et postiches, costumes et statues pour le théâtre, notamment pour les compagnies de Pierre Blanchar, Raymond Hermantier, Jean-Marie Serreau et Louis Jouvet (pour lequel il collabore avec Christian Bérard), Jean Martin est nommé en 1949 directeur artistique, avec Raymond Hermantier et François Chatelard, du VIe Centenaire du rattachement du Dauphiné à la France et dessine masques, costumes et géants pour le défilé organisé à Valence. Il conçoit enfin en 1970 et 1971, pour « La Chronique des Siècles » de France 2, décors et costumes.

 

Commissariat général : Alice Massé, Conservatrice adjointe de La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix

Commissariat scientifique : Jean-Christophe Stuccilli, Attaché de conservation au musée des Beaux-Arts de Lyon, chargé de relations avec l’enseignement supérieur

 

 

Légende :

Jean Martin, L’Exilé, 1938,

Huile sur panneau. Don de Françoise Martin en 2011,

Roubaix – La Piscine.

Photographie : Alain Leprince